MOURLEVAT jean-Claude, L'enfant Océan, POCKET Jeunesse, Paris, 2009.
PREMIÈRE PARTIE
Extrait p.62 :
" - Si si madame Moulin, le gosse était un surdoué, il était capable de battre un ordinateur aux échecs...
- On n'ose pas le dire, madame Moulin, mais le gosse était un demeuré, ses frères en avaient honte, voilà pourquoi ils le cachaient dans un sac...
- Au fait, il paraît que le gosse voyait la nuit comme les chats, vous saviez ça ?
- On dit qu'il ne dormait jamais...
- Il avait six ans, il avait douze ans, il avait trois ans...
J'en passe et des meilleures. J'ai laissé dire. Pour moi, la seule vérité est que ce "gosse", comme ils disent, était un gosse justement. Un simple petit gosse. Qui demandait seulement qu'on le tienne au chaud et qu'on lui dise des gentillesses de temps en temps. Comme tous les autres gosses. Je ne sais pas grand-chose sur l'affaire, mais j'ai comme le sentiment qu'il n'a jamais connu ça. Alors on ferait mieux de lui ficher la paix et de se taire.
Surtout maintenant qu'il n'est plus là. [...]"
Ce roman de Jean-Claude Mourlevat, qui commence par une citation de Charles Perrault "Le plus jeune était fort délicat et ne disait mot" extrait du célèbre conte "Le Petit Poucet" est imprégné de notes compatissantes. Le lecteur lui-même est touché tantôt par la sensibilité de ces sept frères solidaires, tantôt par ce récit polyphonique. En effet, l'histoire est également racontée à travers des personnages extérieurs qui observent et participent au récit.
Mais ne prenez plus des vessies pour des lanternes, les apparences peuvent être trompeuses !
Mais ne prenez plus des vessies pour des lanternes, les apparences peuvent être trompeuses !
À l'instar du Petit Poucet, Yann décide de réveiller ses frères en pleine nuit après avoir entendu son père qui menaçait d'assassiner ses sept enfants. C'est ainsi que Yann, Fabien, Rémy, Victor, Max, Pierre, Paul Doutreleau(x) fuient prématurément le domicile en direction de l'ouest, l'Océan Atlantique, sous le flambeau du petit frère taiseux, mais très perspicace. Sur la route de la "liberté", ils vont devoir se débrouiller comme ils peuvent pour se nourrir, se déplacer et surtout se cacher.
Habitué aux maltraitances et aux injustices parentales, l'Enfant Océan n'aurait-il pas mal interprété les paroles de son père ? Car, même s'il est rare pour un couple d'avoir sept garçons, il n'en est pas moins pour les animaux... surtout à la campagne !
DEUXIÈME PARTIE
Toujours dans la perspective du "Petit Poucet" les sept frères sont confrontés à un être malfaisant. Il ne s'agit plus d'un ogre, mais d'un vieillard qui décide d'enfermer nos héros dans une maison. Je n'écrirai pas davantage sur les péripéties du roman, car une fin ne devrait pas être dévoilée sur Internet.
Qui est l'Enfant Océan ?
Lorsqu'on termine ce roman, l'image de cet enfant ne nous laisse pas indifférent. Il comporte une dichotomie : sa candeur qui le rend très réaliste et son côté merveilleux qui le rend transcendant. En effet, sa bonté naïve, son innocence rendent Yann très réaliste puisqu'il se comporte comme un enfant quelconque. Toutefois, un aspect irréel plane au-dessus de sa tête et se renforce à la fin du roman lorsque l'auteur décrit une mort symbolique.
Qui est l'Enfant Océan ? Existe-t-il vraiment ? On n'en a pas la moindre idée, car l'auteur tourne autour du sujet (voir l'extrait au début du roman) sans jamais nous donner une idée précise. C'est pourquoi, ce roman a un goût fade: tantôt touchant et triste, tantôt vide...
La "fadeur" du récit vient peut-être d'une fin nébuleuse, peu marquée et trop ouverte, non ?
RépondreSupprimerDe même, qui est finalement ce Yann ? Et pourquoi lui, il n'a pas de jumeau? Qui pourrait être ce jumeau ? Réfléchis...