"Un livre qu'on quitte sans en avoir extrait quelque chose est un livre qu'on n'a pas lu."

[Antoine Albalat]

décembre 04, 2011

La Machine à explorer le Temps

        Après Jules Verne, j'ai enfin découvert le 2e père fondateur de la littéraire de science-fiction : Herbert George Wells.  Et bien ! C’était avec un grand plaisir.
         Toutefois, j'ai toujours regardé cette littérature d'anticipation de loin. Je la trouvais grotesque à l'instar du Space-Opéra. Par exemple, "Sukran" de Jean-Pierre Andrevon a été une grande déception. En effet, considéré comme un auteur engagé, son roman dystopique prenait des airs hollywoodiens à la « Schwarze » : les armes, la guerre et le sexe. Pourtant, cette société fictive présente bien le pouvoir de l'industrie qui frêne l'écologie et les Droits de l'Homme (trafics d'humains, racisme, guerres raciales, etc.). Les messages, quelque beaux qu'ils soient, sont présentés à travers un personnage militaire stéréotypé tantôt super héros, tantôt séducteur.
         Par conséquent, j’ai trouvé que ce livre manquait cruellement de sensibilité. Jean-Pierre Andrevon ne m’a pas aidé à apprécier davantage la projection de notre société.

         Quant à cette fameuse Machine à explorer le Temps, elle est d’une autre époque. Celle où l’histoire n’est pas guidée  par l’action, qui donne l’illusion au lecteur de progresser dans l’intrigue, mais par l’observation de faits qui amène le protagoniste à émettre des hypothèses en même temps que le lecteur. Le héros jouit d’une liberté intellectuelle, car il est désarmé et nu face à ce nouveau monde qu’il ne connaît pas. Sa seule référence est le monde qu’il vient de quitter. D’ailleurs, ces comparaisons seront le centre de cette anticipation et le capitalisme, le système à démonter : au fil des années, la classe inférieure exploitée finira par subir, ce qu’on appelle aujourd’hui, le darwinisme. L’évolution des espèces permettra aux êtres inférieurs de se durcir contrairement aux êtres supérieurs, les exploiteurs, de se fragiliser. Et paradoxalement, ce sont les supérieurs qui atteindront les valeurs les plus utopiques au fil du temps (la paix, la stabilité, l’amour, le bonheur collectif et même le respect de l’environnement), mais au prix de la peur et de l’impuissance face aux êtres subterranéens.

         C’est ainsi que notre système sociétal, à force de creuser les classes sociales, finira par créer deux espèces complètement différentes. Alors, n’oublions pas que le véritable pouvoir est entre les mains du travailleur car il détient la productivité et l’organisation de la société. Ce message est d’autant plus vrai aujourd’hui qu’à l’époque victorienne. Wells a donc bel et bien réussi à voyager à travers le Temps. 

WELLS H. G., La Machine à explorer le Temps, Folio Science-Fiction, 2009.

1 commentaire:

  1. J'aime beaucoup : "n'oublions pas que le véritable pouvoir est entre les mains du travailleur"... on fait du militantisme dans son carnet de lecture ?? Je plaisante, évidemment... ;-)

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